Marianne Lebret 21 juillet 2017

Ne pas dépenser de temps sur les tâches quotidiennes est le défi de chacun. En effet, moins nous perdons de temps sur le ménage, les courses et autres réjouissances quotidiennes, plus nous avons du temps pour des activités sur lesquelles nous portons davantage d’intérêt. Comment optimiser nos tâches quotidiennes ? N’appliquons-nous pas les principes et les bonnes pratiques de la supply chain dans notre vie de tous les jours ?

Les fonctions de la supply chain appliquées à la vie courante

Certes nous n’allons pas mettre en place un processus PIC / PDP (Plan Industriel et Commercial / Plan Directeur de Production) et nous n’allons pas faire un CBN (Calcul des Besoins Net) dans un ERP mais nous planifions toutes nos activités. Prenons un exemple : je vais faire les courses.

  • Qu’est-ce que je planifie ? Je planifie ma fabrication de repas de la semaine.
  • De quoi vais-je tenir compte ? Combien de repas vais-je faire chez moi ? Avec combien de personnes ?
  • Une fois que je connais mon besoin prévisionnel, qu’est-ce que je décide de manger (ou de fabriquer) ?

Faire les courses est un exemple de notre quotidien. Rien n’est informatisé mais les principes sont les mêmes qu’en Supply Chain. Je définis mes quantités à produire et ensuite je vais m’approvisionner ou fabriquer mes repas à certaines dates en fonction des produits en stock dans mes placards ou dans mon réfrigérateur, le tout en prenant en compte la date de péremption de mes produits.

Une fois la planification réalisée, il va falloir lancer les approvisionnements.

Tout comme dans l’industrie, j’ai une stratégie d’approvisionnement qui tient compte de mon budget, de mes délais et de mes convictions (mes critères qualité en somme) :

  • Est-ce que je ne veux manger que des produits bio ?
  • Est-ce que mon budget me permet de manger des produits bio ?
  • Est-ce que je veux favoriser les commerçants du quartier ?
  • Mais est-ce que j’ai le temps d’aller chez plusieurs fournisseurs ?

C’est sympa d’aller au marché puis au magasin bio puis au supermarché mais je n’en ai sans doute pas le temps. Dans tous les cas je définis une stratégie d’approvisionnement et je sélectionne des fournisseurs en fonction de la stratégie retenue.

A partir de ce moment, nous rentrons dans la supply chain opérationnelle et il va falloir faire les courses en intégrant cette activité dans mon planning journalier par un ordonnancement à plusieurs niveaux.

Je vais choisir le ‘bon’ moment pour aller faire les courses et cela en fonction de mes contraintes (heures de travail, heures de fermeture des magasins) et du temps que j’ai prévu d’y passer (éviter les heures de pointes). L’ordonnancement se joue aussi une fois arrivé chez soi. Je vais organiser toutes mes activités pour passer le moins de temps possible au rangement des courses, à faire le ménage ou à préparer les repas.

Nous sommes enfin prêts à lancer la fabrication.

Nous fabriquons nos repas mais avec quelle logique ? Avec deux logiques : make to order et make to stock. Nous avons fait des courses pour fabriquer des repas sur du court terme, c’est le cas pour les produits frais. Nous sommes dans le cas d’une fabrication à la commande (MTO) mais nous avons aussi acheté des produits pour les mettre en stock et pour les utiliser plus tard (MTS). C’est le cas des céréales et des produits congelés par exemple.

Plus globalement, nous stockons plein de choses : nourriture, livre, vêtement, chaussures… La liste est longue, en particulier dans les grandes maisons familiales ! En revanche, dans nos appartements (notamment à Paris), nous avons une capacité d’optimisation de nos stocks insoupçonnable et nous utilisons les mêmes logiques que celles de la supply chain. En effet, pour de nombreux produits, nous avons une zone de réserve et une zone de picking. Exemple : la majorité de notre café est rangé dans une zone de réserve en hauteur dans un de nos placards qui va servir à réapprovisionner notre zone de picking qui est juste à côté de la cafetière.

Pour faire arriver tous ces produits, il faut les transporter chez nous. Même logique, nous allons optimiser ces transports pour y passer le moins de temps possible et pour que cela soit peu onéreux (livraison à domicile, « drive » des enseignes de grandes surfaces, commerces de proximité…).

Les concepts de la supply chain dans notre quotidien

Nous utilisons donc certains concepts de la supply chain (MTO/MTS, réapprovisionnement des zones de picking par les zones de réserve…), et mettons aussi en place des MIN-MAX sur des articles que nous considérons comme critiques.

On va même plus loin dans certains cas! Nous sommes par exemple LEAN (méthode fondée sur l’amélioration continue) quand nous décidons de ranger notre placard :

Le parallèle entre supply chain et gestion de son quotidien est une évidence. Nous organisons et optimisons notre vie courante comme une supply chain, en appliquant des concepts industriels. Qui a inspiré qui ? Est-ce que les grands principes de la supply chain ont été inspirés par notre quotidien ? Vraisemblablement, oui. Il y a même des chances que ce soit le bon sens paysan qui ait inspiré tous ces concepts et principes d’optimisation industriels. En revanche, nous ne sommes pas encore très informatisés, mais les maisons connectées (la domotique) avec l’emploi d’applications sur smartphones tendent à faire évoluer les choses.

Optimiser son quotidien, ranger et ne pas s’encombrer d’objets inutiles permet aussi d’avoir une certaine sérénité intellectuelle, ce qui est également récherché dans un contexte industriel et logistique. Ne vous êtes-vous jamais bien senti après avoir fait du tri dans votre armoire à vêtements ? C’est pour cela que les coaches « home organizer » se développent. Est-ce que nous pourrions y voir un débouché supplémentaire pour les cabinets de conseil en supply chain ???? ?

Quant à ces personnes qui ont un métier lié à la supply chain, ont-ils un quotidien optimisé ? Ou au contraire lâchent-elles la pression chez elles, au point de faire de leur intérieur un vrai capharnaüm ?