La route vers une Green Supply Chain. Les 3 étapes de mise en œuvre

Le blog des Adventgers
Dans le premier article : « La route vers une Green Supply Chain : 3 Enjeux », nous avons identifié les raisons pour lesquelles le développement durable devient un volet incontournable de la Supply Chain.

Bouchra Moutayakine 6 avril 2017

Dans le premier article : « La route vers une Green Supply Chain : 3 Enjeux », nous avons identifié les raisons pour lesquelles le développement durable devient un volet incontournable de la Supply Chain.

Malgré une prise de conscience, nombreuses sont les entreprises qui sont réticentes à engager une réflexion sur le sujet. L’absence d’approches et d’acteurs soutenant la démarche est l’une des causes de cette inertie.

Alors comment pouvons-nous appréhender la mise en œuvre d’une démarche de Supply Chain verte ?

Quelle approche adopter pour rendre sa Supply Chain plus « Green » ?

L’implémentation d’une Supply Chain verte passe par 3 étapes clés :

1. Evaluer l’empreinte environnementale élargie

Que faut-il évaluer ?

Il s’agit d’évaluer l’empreinte environnementale d’un produit sur l’ensemble de la chaîne logistique. Cette étape permet de mettre l’accent sur les fonctions ou opérations ayant le plus d’impact.

  • L’évaluation doit intégrer les fonctions de sourcing achat, les pratiques de fabrication, la logistique, jusqu’à l’utilisation du produit par le client final.
  • L’émission de GES est évidemment une donnée primordiale lorsque l’on songe à l’empreinte environnementale. Mais l’évaluation s’étend à d’autres facteurs tels que : les déchets, les gaspillages, les substances potentiellement toxiques.

La Supply Chain durable s’intéresse également à l’évaluation des risques RSE sur toute la chaîne : travail des enfants, conditions de travail, etc.

Quelles méthodes ?

  • Il existe plusieurs méthodes permettant de réaliser un bilan d’émission de GES. Certaines d’entre elles sont réglementaires et parfois obligatoires (méthode établie conformément à l’article L. 229-25 du code de l’environnement). Elles sont généralement combinées avec les méthodes suivantes : La norme ISO 14064-1, Bilan Carbone®, GHG Protocol.
  • Toutes les méthodes sont fondées sur le calcul, les mesures ou une combinaison des deux selon les postes d’émissions. La difficulté majeure de l’exercice réside dans l’absence de données exhaustives, actualisées, et le peu de technologies soutenant la démarche.

2. Identifier et déployer des actions concrètes

La dernière décennie a vu émerger plusieurs théories et principes concernant l’implémentation d’une Supply Chain verte. Les activités permettant cette implémentation sont généralement classées suivant les différentes fonctions de la Supply Chain :

  • Eco-approvisionnement : sélection de fournisseurs responsables, application du principe des 3R (Remplacement, Réduction, Recyclage), …
  • Eco-fabrication/ Eco-conception : élimination/réduction des substances dangereuses, utilisation des technologies éco-énergétique, 3Rs & minimisation des déchets lors de la fabrication, …
  • Eco-logistique : réduction des emballages et utilisation d’emballages recyclables, transport multimodal, mutualisation des transports, principes de la « Reverse Logistic », …
  • Gestion des déchets : désassemblage, recyclage, collecte et traitement des déchets, …

Présentée ainsi, la tâche paraît remettre en cause toute l’activité de l’organisation. Le passage de la prise de conscience au lancement des actions peine alors à s’opérer.

  • Au-delà des grands principes de la Green Supply Chain, qui constituent une base de réflexion nécessaire, les actions à mettre en place doivent être le fruit d’une réflexion interne, émanant des acteurs de l’organisation eux-mêmes.

Les Serious Games peuvent être des outils précieux pour aider à l’émergence d’idées nouvelles, authentiques et en accord avec le fonctionnement de l’organisation. Ils permettent également d’adapter à soi des idées de principe générales.

Ces ateliers créatifs doivent aboutir à un découpage de ces idées en actions plus facilement réalisables.

  • Une fois le travail d’identification effectué, la matrice How-Now-Wow, peut aider à prioriser ces actions en fonction de leurs originalités mais aussi en fonction de leurs difficultés d’implémentation.

Les actions NOW sont des actions réalisables sans d’autres efforts que leurs organisations pratiques.
Les actions HOW WOW peuvent donner lieu à des projets d’innovation plus ou moins coûteux.

Les actions listées dans la matrice ci-dessus sont données à titre d’exemple. La priorisation des actions dépend de l’activité de l’organisation. On peut imaginer que la sélection des matières premières respectueuses de l’environnement soit plus facile à implémenter dans l’agroalimentaire plutôt qu’en microélectronique.

3. Définir des actions ou indicateurs pour gérer la performance

Là encore les normes ISO représentent une bonne ligne directrice pour le management environnemental.

La norme ISO 14031 propose trois catégories d’indicateurs :

  • Les indicateurs de performance de management (IPM) : ce sont les indicateurs relatifs à la gestion des objectifs environnementaux. On y retrouve des indicateurs sur la mise en œuvre des objectifs, sur la conformité avec la réglementation, ou sur la performance économique.
  • Les indicateurs de performance opérationnelle (IPO) : ces indicateurs permettent d’évaluer la performance environnementale en mesurant les « Entrants » et « Sortants » des opérations (par exemple, la quantité de matériaux utilisés par unité de produit, la quantité de déchets par année ou par unité de produit, …).
  • Les indicateurs de condition environnementale (ICE) : ces indicateurs permettent à une organisation de mesurer l’impact de ses activités sur l’environnement. On y retrouve, par exemple, «la concentration d’un polluant spécifique dans l’air ambiant, relevée à des points de surveillance déterminés », « l’oxygène dissous dans les eaux exposées à la pollution », …

Ces indicateurs sont fournis à titre d’exemple. Le tableau de bord servant à suivre la performance environnementale doit être défini en fonction des objectifs identifiés dans l’étape 2, mais également en fonction de la facilité de calcul et de collecte de données.

Ils l’ont fait ! Comment les entreprises innovent en matière de Green Supply Chain

Il convenait de finir notre article par une liste d’entreprises ayant pris le parti de la Green Supply Chain. Quelles sont les initiatives engagées par les entreprises pour contribuer au développement durable ?

  • TOYOTA : Après avoir initié les principes du Lean Management, Toyota a engendré une révolution dans le monde automobile avec ses voitures hybrides. La firme multiplie les initiatives dans ce sens, comme le lancement en 2015 d’un véhicule électrique à hydrogène ou sa maison intelligente équipée d’un contrôle efficace de la consommation d’électricité et de la production d’énergie solaire.
  • IKEA : Le distributeur suédois Ikea installe un toit produisant de l’énergie solaire sur son centre de distribution de 12 Ha dans l’Illinois. Il s’agit de son troisième toit solaire, en plus de son parc éolien de 49 turbines, toujours dans l’Illinois. Les investissements dans les énergies renouvelables sont une partie des initiatives engagées par IKEA. Son rapport de développement durable de 2015 dévoile différents efforts visant à réduire l’impact environnemental de sa chaîne logistique. Les efforts consistent à utiliser des emballages plus durables, à encourager davantage les efforts de recyclage, à collaborer directement avec les fournisseurs sur les objectifs de développement durable et à créer des politiques d’approvisionnement durables.
  • MAERSK : Il peut paraître étonnant de voir une compagnie de navires conteneurs dans la liste des entreprises œuvrant pour une Supply Chain verte. Pourtant, les efforts de Maersk Line méritent d’être soulignés. En 2012, Maersk avait déjà atteint son objectif de 2020 de réduire les émissions de CO2 de 25%. Au cours de la période 2013-2016, une collaboration commerciale entre Maersk et le producteur de produits pétrochimiques EQUATE a permis de réduire les émissions de CO2 de plus de 35% grâce à des investissements dans des navires écologiques, à l’optimisation du réseau, à l’utilisation de l’espace et à d’autres pratiques innovantes. Aussi, il vient d’annoncer une alliance avec IBM dans le but de développer une solution pour l’industrie du transport maritime qui permettra de numériser la chaîne de suivi des expéditions de conteneurs en se basant sur la solution de blockchain Hyperledger Fabric.

Néanmoins, malgré leurs efforts d’innovation, ces mêmes acteurs sont souvent accusés de Green Washing, cette pratique marketing abusant de l’argument écologique pour redorer son image de marque. Cette pratique est d’autant plus trompeuse lorsque les préoccupations environnementales sont loin de faire partie des pratiques de l’entreprise (nous avons tous encore en tête l’affaire des moteurs truqués de Volkswagen).

Un autre exemple de Green Washing consiste à afficher des intentions écologiques, mais en continuant à traiter avec des fournisseurs aux pratiques douteuses. C’est le cas d’IKEA cité plus haut, dont les fournisseurs ravagent les forêts vierges de Transylvanie, pendant qu’elle affiche son soutien à WWF qui protège ces mêmes forêts vierges.

Pour finir sur une note positive, on remarque une perte de vitesse du Green Washing, surtout lorsque les entreprises réalisent que, face à un consommateur plus averti, elles auraient plus à perdre en égratignant ce lien de confiance.

En résumé, la Green Supply Chain, ou plus largement le Green Business, est l’ambition de concilier l’éthique, l’authenticité, la conscience, avec… la rentabilité !